Le nihilisme français
Par Yann
L'évènement fait couler beaucoup d'encre. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours que l'on voit un tel déchaînement d'action aventuriste à la tête de l'état. Je veux bien évidemment parler de l'invitation du dirigeant non élu, faut-il le rappeler, de l'actuelle Syrie. Et si l'ancien régime était une dictature, il en va de même pour le régime actuel qui n'est que le résultat d'un coup d’État militaire. L'étrange deux poids deux mesures des dirigeants français en la matière nous rappel constamment l'usage que font nos élites de la politique étrangère et des « valeurs » qu'ils prétendent défendre. Il y a le bon et le mauvais dictateur, visiblement pour Paris Bashar Al Assad c'était le mauvais, mais Al Johani c'est le bon. Et ne me parlez pas de réalisme politique quand on connaît le passif de Macron en la matière. Plus grave en ce qui concerne le légataire actuel du pouvoir en Syrie, son lien évident avec les mouvements extrémistes islamistes. Dont des liens avec des organisations et des actes terroristes qui ont eu lieu sur notre propre territoire. Qu'un président français accueille ainsi le représentant d'un groupuscule terroriste qui a fait des morts en France est pour le moins scandaleux. Qu'aurait-on dit aux USA, si le président en exercice avait accueilli Oussama Ben Laden il y a quelques années. C'est exactement la même chose ici.Plus grave encore, on a une situation en Syrie qui devient très difficile pour les minorités avec des exactions violentes. Et le nouvel état laisse faire comme on pouvait s'y attendre étant donné l'idéologie qu'il y a derrière. Quand on voit les discours agressifs sur l'islamogauchisme supposé de la gauche, qui n'est pas forcément dénué de sens par moment, mais qu'on voit la faiblesse avec laquelle nos médias et nos hommes politiques réagissent à cet affront et cette insulte à toutes les victimes de l'islamisme en France, il y a de quoi tomber de haut. Et en un sens, ce n'est qu'un nouvel exemple du peu de cas que font nos élites de l'intérêt national et plus généralement de la protection de la population française . Au contraire même on peut se demander si finalement nos dirigeants et Emmanuel Macron en premier ne prennent pas plaisir à insulter ainsi le peuple français. Voir s'ils n'ont pas finalement quelques atomes crochus avec ces dingos de l'islamisme. On voit la même chose avec le soutien indéfectible à Israël alors même qu'il devient extrêmement difficile de défendre les politiques de cet état. Nous ne sommes plus dans une réaction contre une menace terroriste, mais bien dans une entreprise d'épuration ethnique en Palestine.
Pourtant aucune protestation française d'aucune sorte en dehors de quelques articles journalistiques minoritaires. Pour paraphraser Emmanuel Todd qui disait que la passion de l'extrême droite française pour Israël avait comme moteur l'identification au mal. Israël tape sur les Arabes, on n'aime pas les Arabes donc Israël c'est bien, quelque chose comme cela. On retrouve d'ailleurs exactement les mêmes types de réactions concernant le conflit entre le Pakistan et l'Inde. L'Inde devenant étrangement la nouvelle coqueluche d'une partie de l'extrême droite. Il y a aussi une dimension nihiliste à l'adulation de ces régimes qui en d'autre temps auraient été condamnés par les élites françaises. Entendons-nous bien sur cette question. Qu'il faille faire de la realpolitik en tant qu'état, c'est une certitude. Mais il y a une marge entre faire de la realpolitik et soutenir des régimes qui en plus vous sont systématiquement opposés. Si la France n'a, en pratique, pas beaucoup de moyens pour s'opposer aux exactions d'Israël, elle n'est pas obligée pour autant d'y livrer des armes. Le réalisme n'empêche pas un minimum de bon sens et de moral non plus. Il en va de même avec la Syrie et monsieur Al Johani. C'est même encore plus grave puisque des actes d'attentat sur notre sol ont été perpétrés par des mouvements proches de ce monsieur. Faire semblant à côté de ça de lutter contre la montée de l'islamisme radical dans notre pays en tapant sur LFI c'est assez grossier quand même.
La valorisation de la mortCes réactions politiques de nos élites sont donc en quelque sorte des indicateurs indirects d'un problème de fond que l'on voyait déjà dans d'autres domaines. En économie, le caractère nihiliste des décisions politiques françaises depuis 50 ans devient aujourd’hui assez évident pour le commun des mortels. Alors on peut toujours invoquer l'incompétence et il est indéniable qu'il y a une bonne dose d'incompréhension des mécanismes économiques comme le montre très brillamment le journaliste Camille Adam dans son interview sur le site Lescrises que vous pouvez revoir ici. Je ne peux que conseiller son documentaire sur la construction européenne d'ailleurs au passage. Donc effectivement, l'incompétence et la non-conscience des implications de telle ou telle décision sur le fonctionnement général de notre pays ont joué. Mais il y a aussi un amour véritable pour l'autodestruction. Il s'agit d'un des effets probables du nihilisme dont Emmanuel Todd a abondamment parlé dans son dernier livre. Le sadomonétarisme des années 80 qui a fait exploser le chômage en France était non seulement irrationnel d'un point de vue économique, mais aussi terriblement destructeur sur la société. Ces sacrifices inutiles sont tout autant de preuve de l'existence de cette culture de la mort qui s'est mise en place progressivement en
France entre les années 70 et 2000.Certains pourraient peut-être abusivement dire que la préférence pour la mort a accompagné l'autorisation de l'avortement à partir des lois Veil. Cependant, la frontière entre la préférence pour la mort et la liberté individuelle peut parfois être ténue et mener à un des conclusions erronées. Les lois sur l’avortement à l'époque visaient surtout à mettre fin aux horreurs des avortements illégaux qui pouvaient parfois tourner au drame. Il s'agissait aussi de protéger les femmes, pas seulement de mettre fin à la fin à la vie de bébés à naître. Simon Veil, elle-même avait souligné à l'époque que l'avortement n'était pas un moyen de contraception et qu'il s'agissait surtout d'un outil de la dernière chance. Mais comme on dit l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Si les lois sur l'avortement à l'époque ne peuvent pas être interprétées comme un phénomène nihiliste qu'en est-il aujourd'hui ? Dans un pays et un continent qui connaissent un effondrement démographique sans précédent comment expliquer cet amour de plus en plus exubérant pour la mort de fétus ? Comment par exemple décrire le comportement de nos deux députés de LFI partant en Pologne pour distribuer des pilules abortives dans un pays qui interdit l'avortement ? Violant ainsi de nombreuses lois et mettant d'ailleurs en danger la vie de Polonaises puisque ces produits ne peuvent être prescrits que sous avis médical. Pourquoi cette passion pour l'avortement ? Il y a d'autres solutions comme l'adoption pour les bébés. Pourquoi faire de l'avortement un symbole de liberté ? Et ne devrait-on pas aussi faire le lien en parallèle avec la légalisation de l'euthanasie ? À chaque fois, l'on préfère la mort à la vie. L'on peut soutenir les femmes qui ont peur d'avoir un enfant pour des raisons économiques. L'on pourrait favoriser l'adoption dans le pire des cas. Dans le cas de la souffrance de la fin de vie, on pourrait favoriser les soins palliatifs. Mais non ça coûte cher donc on préfère la mort, car là est la véritable motivation de nos humanistes à deux euros.
On a quand même un grand journal français qui a toujours très mal parlé d'économie et qui soudain se révèle faire l'apologie de l'eugénisme et de la mort pour faire des « économie ». Je cite cet incroyable titre d'article « L’euthanasie permettrait d’économiser 1,4 milliard d’euros par an ». Certains m'accuseront certainement de faire un parallèle douteux, mais c'est très exactement comme cela que le troisième Reich parlait des handicapés ou des « inutiles ». Tous ces évènements et ces discours mis bout à bout mènent à la conclusion qu'effectivement il y a une culture de la mort en France. Un amour pour l'autodestruction et pour sa propre disparition. Reste à se demander d'où vient ce phénomène. On pourrait comme Emmanuel Todd conjecturer sur l'effondrement des croyances religieuses et nationales. Le fait est que nous sommes aujourd'hui dans une situation dangereuse, car ce type de raisonnement a mené historiquement à des drames absolus. L'amour de la mort et la chosification des êtres humains, devenus simple marchandise ou produit dont on juge de l'utilité ou non sont autant de preuves du malaise dans lequel nous nous trouvons. Et le fait qu'il n'y est aucune réaction de masse face à ces discours montre à quel point notre situation est devenue dramatique.https://lebondosage.over-blog.fr/2025/05/le-nihilisme-francais.html