Instrumentaliser la mémoire
Story Ember leGaïe
Démystifier “l’inversion de l’Holocauste” et le nouveau lexique de la Hasbara. Une nouvelle série de pages Wikipédia – “inversion de l’Holocauste”, “antisémitisme secondaire”, “nouvel antisémitisme” – a fait son apparition comme une mauvaise herbe dans une guerre narrative sanctionnée par les colons. Ces termes ne sont pas des catégories savantes. Ce sont des outils de répression – de la propagande sous couvert d’érudition – conçus pour détourner l’attention du génocide à Gaza et criminaliser la solidarité avec les Palestiniens.Il ne s’agit pas ici de mémoire. Il s’agit de contrôle.I. Qu’est-ce que l’“inversion de l’Holocauste” ?Selon la page Wikipédia récemment créée, l’“inversion de l’Holocauste” désigne la “comparaison anhistorique entre Israël et l’Allemagne nazie”. La page cite cinq exemples :
– Représenter les Juifs comme des nazis
– Comparer la Nakba à l’Holocauste
– Comparer les dirigeants israéliens à Hitler
– Anne Frank portant un keffieh
– Comparer Gaza aux ghettos juifs durant la Seconde Guerre mondiale
L’absurdité ici n’est pas fortuite. Elle est stratégique.
Ce cadrage entend faire de la résistance une pathologie. Il tente de déligitimer toute condamnation morale du génocide israélien, en particulier lorsque cette condamnation s’appuie sur des parallèles historiques entre régimes colonialistes. Mais lorsqu’Israël assiège, affame et massacre systématiquement toute une population à l’intérieur d’un ghetto fortifié, il ne s’agit pas d’“inversion de l’Holocauste”, mais bien de réalité. La ghettoïsation de Gaza n’est pas métaphorique. Elle est orchestrée.
II. Terminologie et consentement fabriquésLe terme “inversion de l’Holocauste” s’inscrit dans un cadre plus large : les acteurs sionistes inventent de nouvelles catégories d’“antisémitisme” non pas pour protéger le peuple juif, mais pour dissimuler les crimes de guerre israéliens.
Entrez :
– L’antisémitisme secondaire : prétendre que tout malaise lié à la mémoire de l’Holocauste devenant une justification de la violence d’État est en soi antisémite.
– Le nouvel antisémitisme : critiquer Israël en tant que régime colonial ou d’apartheid est désormais considéré comme un “nouvel” antisémitisme.
Ce blanchiment linguistique est conçu pour semer la confusion dans l’esprit du public, qualifier la résistance d’expression de haine et faire du génocide un concept juridiquement protégé.
III. Stratégie de propagande en coulissesCes trois articles Wikipédia ont été créés au cours des six derniers mois par un éditeur sioniste (nom d’utilisateur : Steven1991). Il ne s’agit pas d’un consensus populaire, mais d’une manipulation narrative concertée. Wikipédia, bien que publiquement modifiable, devient souvent un terrain d’affrontement où des éditeurs apologistes des colons imposent une terminologie biaisée, et suppriment les corrections.
Cette campagne de hasbara (explication) numérique reflète des décennies de lobbying institutionnel consistant à instrumentaliser le discours antisémite pour assimiler la sécurité des Juifs à l’impunité d’Israël.
Ces pages n’ont qu’un seul objectif : discréditer la solidarité avec la Palestine en la qualifiant de déviante, dangereuse ou pathologique. Pour faciliter la censure, l’inscription sur liste noire, les arrestations et museler les voix dissidentes.
IV. En quoi ces termes sont-ils dangereux ?Il ne s’agit pas seulement d’une manipulation intellectuelle, c’est stratégique. Voici en quoi c’est dangereux :
– Ils effacent le génocide en temps réel : si comparer Gaza à un ghetto est qualifié d’“inversion”, quel langage reste-t-il pour décrire la famine qui touche 2,2 millions de personnes ?
– Ils redéfinissent l’antisémitisme pour y inclure l’antisionisme : instrumentaliser la souffrance juive pour justifier le nettoyage ethnique n’est pas une protection, c’est une perversion.
– Ils criminalisent le deuil palestinien : même le chagrin devient tabou s’il donne une mauvaise image du colonisateur.
Ceci est une guerre narrative. Et ceux qui la mènent voudraient vous faire croire que la justice pour les Palestiniens serait en quelque sorte antisémite.
V. Appeler leur stratégie par son nom : le révisionnisme génocidaireIl s’agit d’un élément de ce que j’appelle la Catena du révisionnisme historique, une composante essentielle du cadre conceptuel du génocide Genospectra. La propagande sioniste ne se contente pas de déformer le présent. Elle reconfigure le passé pour justifier l’avenir, pour
– Défendre l’exceptionnalisme sioniste
– Protéger les crimes de guerre israéliens de toute critique
– Représenter les victimes du génocide comme les auteurs de la haine
– Ce faisant, ils blanchissent le génocide avec le sang d’autrui, profanant ainsi la mémoire et la réalité.
Conclusion : la mémoire n’est pas une arme
Nous n’honorons pas les victimes de l’Holocauste en permettant qu’un autre génocide ait lieu. Nous ne protégeons pas le peuple juif en criminalisant la survie des Palestiniens. Et nous ne luttons pas contre l’antisémitisme en le redéfinissant comme une soumission au sionisme.
Résister au génocide n’est pas une “inversion”. Pleurer Gaza n’est pas du “nouvel antisémitisme”. Comparer des systèmes d’oppression n’est pas un crime. C’est une obligation morale.Source anglaise : Story Ember leGaïe / Marginalia Subversiva »»
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https://www.legrandsoir.info/instrumentaliser-la-memoire.html